Parce que la perte d’appétit touche plus de 2 millions de Français et qu’elle pose un problème de santé publique, les acteurs de la santé se mobilisent pour sensibiliser l’opinion sur cette pathologie méconnue.
Si l’obésité est reconnue comme un véritable fléau, la dénutrition et ses impacts sur la santé sont largement sous-estimés en France. Or, cette maladie, à ne pas confondre avec la malnutrition liée à une alimentation déficiente et qui concerne essentiellement les pays en développement, est loin d’être anecdotique. La dénutrition, c’est-à-dire un apport alimentaire insuffisant par rapport à ses besoins, touche plus de 2 millions de Français, dont 800 000 personnes âgées.
Des causes psychologiques ou physiologiques
Elle est provoquée par une perte d’appétit, dont les raisons peuvent être d’ordre psychologique (isolement, dépression, anorexie mentale…) ou physiologique (douleurs liées à une maladie chronique, problèmes bucco-dentaires…). La prise de médicaments (chimiothérapie anticancéreuse, neuroleptiques…) ou une chirurgie lourde (ablation partielle de l’estomac…) favorisent également la dénutrition.
Elle se traduit par un arrêt de la croissance chez l’enfant et une perte de poids chez l’adulte. Le manque de protéines entraîne une fonte de la masse musculaire et une diminution de la mobilité particulièrement chez les personnes âgées, ce qui augmente pour ces dernières le risque de chute et de perte d’autonomie. La dénutrition diminue les défenses immunitaires et, par ricochet, accroît les risques d’infection. Elle ralentit aussi les guérisons. Elle peut provoquer un retard pubertaire, une diminution de la libido et de la fertilité.
Une campagne de prévention
Pour sensibiliser le grand public sur cette maladie encore méconnue, le Collectif de lutte contre la dénutrition a organisé, avec le soutien du ministère de la Santé et de l’Assurance maladie, la 4e édition de la Semaine de la dénutrition. Du 7 au 14 novembre 2023, plus de 15 000 actions de prévention ont été menées en métropole et en Outre-mer. On y trouve notamment des vidéos pédagogiques, des ateliers culinaires et des séances d’exerce physique, réalisés en partenariat avec des hôpitaux, des établissements pour personnes âgées ou en situation de handicap, des associations et les agences régionales de santé (ARS).
À chaque fois, le message est le même : un amaigrissement soudain et non voulu n’est pas normal. Dès lors qu’une personne perd 2 kg en un mois ou 4 kg en six mois alors qu’elle ne suit pas un régime alimentaire, elle doit consulter un médecin sans tarder. C’est pourquoi il est conseillé de se peser (si possible, sur la même balance) au moins une fois par mois. Il faut également avoir en tête qu’une personne âgée de moins de 70 ans ne doit pas avoir un indice de masse corporel (IMC) inférieur à 18,5 et de 22 au-delà de 70 ans. Pour calculer son IMC, il suffit de diviser son poids en kg par le carré de sa taille en mètres. L’Assurance maladie propose, sur son site Internet, un calculateur d’IMC (https://www.ameli.fr/val-de-marne/assure/sante/themes/surpoids-obesite-adulte/calcul-imc-bilan-medical).