
Le montant moyen des dépenses de soins par patient peut être 1,5 fois plus élevé d’un département à un autre, souligne une enquête récente des ministères sociaux et de santé. La faute notamment à la démographie et aux dépassements d’honoraires.
Les Français ne sont pas égaux en matière de coûts de la santé. Si la dépense de soins par patient s’élève en moyenne à 2 750 euros par an, les écarts sont importants selon les départements, pointe une enquête rendue publique le 5 mai 2023 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), un organisme qui dépend du ministère de la Santé et de la Prévention, du ministère des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes âgées et du ministère de l’Économie et des Finances.
Ainsi, alors que le coût annuel moyen par patient se situe à 2 290 euros en Loire-Atlantique, il grimpe à 3 550 euros en Haute-Corse, d’après la Drees. Soit une différence de 1 260 euros ! D’une manière générale, les dépenses de soins sont inférieures à 2 480 euros dans les 10 % des départements où les frais de santé sont les plus faibles, tandis qu’elles sont supérieures à 3 160 euros pour les 10 % des départements où ils sont les plus élevés. Ce qui fait un ratio de 27 %.
Des soins plus importants avec l’âge
La structure démographique des départements explique, en partie, ce phénomène. En effet, plus on avance en âge et plus, logiquement, les dépenses de soins sont importantes. Ce n’est donc pas un hasard si les départements de Corse (Haute-Corse et Corse-du-Sud), du Nord-Est (Meuse, Haute-Marne, Haute-Saône), de Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca), de Martinique, de Guadeloupe et les départements ruraux du centre de la France (notamment la Creuse et le Cantal) où la moyenne d’âge est élevée figurent parmi ceux où les frais de santé sont supérieurs à la moyenne nationale.
A contrario, les dépenses les plus faibles s’observent dans les départements à la population « jeune », comme en Loire-Atlantique, en Ille-et-Vilaine, en Rhône-Alpes, en Guyane et en Île-de-France. Outre la démographie, les tarifs de certains soins et services médicaux plus conséquents dans une partie des zones géographiques jouent également. « Bien que le coût des prestations remboursables par l’Assurance maladie soit réglementé, leur assurant une grande homogénéité sur tout le territoire, une modulation géographique s’applique aux séjours hospitaliers (à la hausse dans certains départements), ainsi que sur les soins de ville dans les DOM (départements d’Outre-mer, NDLR) », observent les deux auteurs de l’étude.
L’impact du niveau de vie
Les niveaux de revenus sont aussi à prendre en considération. Alors que les populations précaires ont tendance à renoncer à certaines dépenses de santé, « un niveau de vie plus élevé est lié à un meilleur accès financier au système de soins, voire à une plus grande propension à payer pour de meilleurs délais ou un choix plus sélectif de professionnels, menant potentiellement à davantage de dépassements d’honoraires », avancent les auteurs.
Par ailleurs, « Les zones de résidence des patients les plus aisés peuvent aussi être des zones où les coûts de la vie et de l’immobilier sont plus importants ; les professionnels de santé répercuteraient ainsi ces surcoûts via des dépassements d’honoraires », ajoutent-ils.
Un reste à charge plus élevé dans les départements « riches »
Enfin, les déserts médicaux engendrent davantage de renoncements aux soins. « À l’inverse, dans les territoires avec une offre de soins plus dense, la demande peut être mieux satisfaite et les dépenses probablement plus élevées », constatent les deux auteurs. Au-delà du coût des dépenses de santé, l’étude de la Drees s’est penchée sur le reste à charge après assurance maladie obligatoire (RAC AMO), c’est-à-dire la somme restant à payer une fois appliqués les remboursements de la Sécurité sociale.
Là aussi, la différence est importante : le RAC AMO est inférieur à 440 euros en moyenne par an et par patient dans les 10 % des départements où il est le plus faible, et supérieur à 530 euros dans les 10 % des départements où il est le plus élevé. On trouve parmi ces derniers Paris, les Hauts-de-Seine, les Yvelines, les Alpes-Maritimes, le Var, le Rhône et l’Isère. Ces départements considérés comme « riches » se caractérisent par un recours plus fréquent aux dépassements d’honoraires qui sont peu pris en charge par l’Assurance maladie.
Source : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2023-05/ER1265.pdf