Entre 2006 et 2016, le nombre de places de chirurgie sans hospitalisation de nuit a progressé de 55 %, selon les dernières données du ministère des Solidarités et de la Santé.
En France, la chirurgie a opéré son « virage ambulatoire ». D’après une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) rendue publique le 30 août 2019, le nombre de lits réservés à la chirurgie ambulatoire, c’est-à-dire sans hospitalisation de nuit, a augmenté de 55 % entre 2006 et 2016. Une progression d’autant plus importante que le nombre de lits d’hospitalisation « complète » a diminué, dans le même temps, de 22 %.
Si la chirurgie ambulatoire rencontre un tel succès, c’est parce que ce mode d’hospitalisation cumule les avantages :
- il répond au souhait des patients de rentrer dormir chez eux ;
- il limite les risques de maladies nosocomiales (les infections contractées au cours d’un séjour dans un établissement de santé) ;
- il réduit les coûts supportés par les hôpitaux publics et les cliniques privées.
La cataracte en tête
Le taux d’ambulatoire est donc passé de 38 % en 2008 à 54,1 % en 2016. Mieux : si l’on prend en compte uniquement les séjours hospitaliers de courte durée (moins de trois jours), le pourcentage grimpe à 71,3 % en 2016, toujours d’après la Drees. Bien entendu, la chirurgie ambulatoire n’est pas adaptée à toutes les interventions. D’ailleurs, quatorze d’entre elles concentrent, à elles-seules, 68 % des hospitalisations de jour.
Parmi elles, largement en tête, l’opération de la cataracte qui représente 31 % des séjours en chirurgie ambulatoire. Les opérations orthopédiques ou de traumatologie (hernie, chirurgie de la main et du poignet, ligatures des veines, greffe de peau…) arrivent en deuxième position avec 22 % des hospitalisations de jour. En queue de classement, figurent les opérations de l’appendicite, du cœur (poses de stimulateurs et de défibrillateurs cardiaques), les chirurgies du rachis et de la thyroïde qui concernent à peine 4 % de l’ambulatoire.
Moins de disparités entre les départements
Autre enseignement de l’étude de la Drees : les disparités de chirurgie ambulatoire entre les départements se sont réduites entre 2006 et 2016, l’écart étant passé de 10,5 % à 6,4 %.
Des différences subsistent toutefois. Certains départements comme Mayotte, la Nièvre, les Alpes-de-Haute-Provence, la Seine-Saint-Denis et le Val-d’Oise ont un taux d’ambulatoire qui dépasse ou avoisine 80 % en 2016, contre 60 % dans l’Orne ou 48 % en Guyane.
« Ces écarts ne reflètent pas forcément un retard de développement de l’ambulatoire dans les départements concernés ; ils peuvent aussi s’expliquer, pour tout ou partie, par des effets de composition, liés par exemple à la structure démographique de la patientèle locale », commentent les deux auteurs de l’étude. D’une manière générale, la chirurgie ambulatoire est moins adaptée aux personnes âgées, d’une nature plus inquiète et qui vivent souvent seules.
Source : drees