Les dépenses de santé liées aux affections de longue durée progressent en France en grande partie à cause du vieillissement de la population, selon une étude du ministère des Solidarités et de la Santé.
Le vieillissement de la population française n’est pas sans conséquence. Ainsi, le nombre croissant de cheveux blancs s’accompagne d’une envolée des dépenses de santé liées aux maladies chroniques, appelées « affections de longue durée » ou ALD par la Sécurité sociale. Celles-ci ont progressé en moyenne de 3,8 % par an entre 2011 et 2016, selon une enquête publiée le 10 septembre 2018 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère des Solidarité et de la Santé. En comparaison, les dépenses hors ALD ont augmenté de « seulement » 2,7 % par an en moyenne durant la même période.
Du coup, alors que les personnes atteintes de maladies chroniques (diabète, hypertension, insuffisance cardiaque, artériopathies…) représentent à peine 16 % des assurés de la « Sécu », ils concentrent à eux-seuls 57 % des remboursements de l’Assurance maladie.
Double peine
Or, cette proportion ne cesse de croître sous l’effet du vieillissement de la population. En effet, plus on avance en âge et plus le risque d’être atteint d’une ALD est grand. Si seulement 4 % des moins de 40 ans souffrent d’une maladie chronique, le pourcentage monte à 15,6 % chez les 40-59 ans et grimpe même à 41,9 % chez les 60 ans et plus. D’après l’étude la Drees, le vieillissement serait responsable, à lui-seul, de la hausse des dépenses en ALD à hauteur de 1 point. Le reste serait imputable à la croissance démographique, à l’hérédité et aux comportements (sédentarité, mauvaise alimentation, consommation de tabac…).
Plus inquiétant : les personnes âgées atteintes d’une maladie chronique « coûtent » plus cher, leur pathologie engendrant avec le temps d’autres problèmes de santé. Ainsi, les dépenses des assurés en ALD de 85 ans et plus sont 1,5 fois plus élevées que celles de leurs homologues de 40-49 ans et 3 fois plus que celles des moins de 40 ans. « Le vieillissement de la population en ALD pourrait donc se traduire par une augmentation de leur dépense individuelle moyenne », estime l’auteur de l’étude de la Drees.
Reste à charge plus important
Tout ceci fait d’autant plus peur que, contrairement aux idées reçues, les personnes atteintes de maladies chroniques ne sont pas si bien remboursées. Certes, le dispositif ALD prévoit la prise en charge à 100% par l’Assurance maladie des soins liés à la pathologie. Toutefois, il faut savoir que les assurés en ALD ne sont pas exonérés du forfait journalier hospitalier, de la participation forfaitaire de 1 euro, ni des franchises médicales. Par ailleurs, les soins sans rapport avec le ou les affections déclarées sont remboursés de la même manière que pour les assurés hors ALD.
Les personnes atteintes de maladies chroniques étant plus consommatrices de médicaments et d’examens médicaux, leur « reste à charge », c’est-à-dire la somme qui leur reste à payer une fois déduits les remboursements de la Sécurité sociale, est nettement plus conséquent. Il a atteint en moyenne 820 euros en 2016, contre 430 euros pour les assurés « lambda », toujours selon la Drees.
Source : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er1077.pdf