La mise en œuvre obligatoire du tiers payant aux consultations de médecins va être conditionnée à une évaluation de la mesure, a déclaré le Premier ministre.
Serait-ce les prémices d’une abrogation ? Dans une interview publiée le 7 juin 2017 dans le quotidien Le Parisien, le Premier ministre a annoncé une évaluation du tiers-payant généralisé aux consultations. Si il ne précise pas quand et comment sera effectué cet audit, il ne cache pas son scepticisme à l’égard de cette disposition permettant aux patients de ne pas avancer les frais lorsqu’ils consultent un médecin. « Au moment du vote de cette réforme, j’étais dubitatif. Elle va dans le sens d’une forme de dématérialisation de ce que représente le coût de la santé », a déclaré Edouard Philippe dans Le Parisien.
Largement pratiqué dans les pharmacies, les laboratoires d’analyses médicales ou dans les cabinets de radiologie, le tiers-payant a été étendu aux consultations des médecins (généralistes et spécialistes) par la loi du 26 janvier 2016 de « modernisation de notre système de santé ». La mesure a provoqué une réaction collective chez les syndicats de médecins et une vive opposition des praticiens dont certains n’ont pas hésité à fermer quelques jours leur cabinet en signe de protestation.
Facultatif et non plus obligatoire
Les professionnels estiment que la mesure va leur engendrer un surcroît de travail administratif et un risque de ne pas être payé. Le Conseil constitutionnel leur a donné en partie raison en limitant le tiers-payant à la seule partie prise en charge par l’Assurance maladie. Si le patient n’a plus à avancer la part de la Sécurité sociale, il doit payer le reliquat et se faire ensuite rembourser ce solde auprès de sa complémentaire santé.
Ce tiers-payant dit « partiel » (et non « intégral ») peut déjà être pratiqué de manière volontaire par les médecins depuis le 1er janvier dernier. La mesure devait devenir obligatoire à compter du 30 novembre prochain. Reste que de sérieux doutes apparaissent quant à la généralisation obligatoire du tiers-payant.
Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait annoncé son intention de rendre ce dispositif d’avance de frais « généralisable », c’est-à-dire facultatif, et non « généralisé ».